Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/202

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— Quand je suis arrivée rue de Babylone, il faisait encore nuit ; j’ai attendu qu’il fît grand jour.

— Pauvre enfant… toi si peureuse, si chétive, dit Françoise profondément touchée ; aller si loin, et par ce temps affreux, encore… Ah ! tu es bien une vraie fille pour moi…

— Agricol n’est-il pas aussi un frère pour moi ? dit doucement la Mayeux en rougissant légèrement.

Puis elle reprit :

— Lorsqu’il a fait grand jour, je me suis hasardée à sonner à la porte du petit pavillon ; une charmante jeune fille, mais dont la figure était pâle et triste, est venue m’ouvrir… « Mademoiselle, je viens au nom d’une malheureuse mère au désespoir, » lui ai-je dit tout de suite pour l’intéresser, car j’étais si pauvrement vêtue que je craignais d’être renvoyée comme une mendiante ; mais voyant au contraire la jeune fille m’écouter avec bonté, je lui ai demandé si la veille un jeune ouvrier n’était pas venu prier sa maîtresse de lui rendre un grand service. « Hélas ! oui… m’a répondu cette jeune fille ; ma maîtresse allait s’occuper de ce qu’il désirait, mais apprenant qu’on le cherchait pour l’arrêter, elle l’a fait se cacher ; malheureusement sa retraite a été découverte, et hier soir, à