Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/209

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de garanties matérielles, et qui n’ont d’autre capital que leur travail et leur probité, d’accepter leur foi d’honnêtes gens de se présenter au jour du jugement ?

Ne serait-il pas moral et grand, surtout dans ces temps-ci, de rehausser ainsi la valeur de la promesse jurée, et d’élever assez l’homme à ses propres yeux pour que son serment soit regardé comme une garantie suffisante ?

Méconnaîtra-t-on assez la dignité de l’homme pour crier à l’utopie, à l’impossibilité ? Nous demanderons si l’on a vu beaucoup de prisonniers de guerre sur parole se parjurer, et si ces soldats et ces officiers n’étaient pas presque tous des enfants du peuple.

Sans exagérer nullement la vertu du serment chez les classes laborieuses, probes et pauvres, nous sommes certain que l’engagement pris par l’accusé de comparaître au jour du jugement serait toujours exécuté, non-seulement avec fidélité, avec loyauté, mais encore avec une profonde reconnaissance, puisque sa famille n’aurait pas souffert de son absence, grâce à l’indulgence de la loi.

Il est d’ailleurs un fait dont la France doit s’enorgueillir : c’est que généralement sa magistrature, aussi misérablement rétribuée que l’armée, est savante, intègre, humaine et in-