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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/227

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— Cela ne suffit pas… ces malheureuses ne doivent avoir aucune notion du bien et du mal. Leur âme doit être un abîme de scandale et d’impureté… élevées par une mère impie et par un soldat sans foi.

— Quant à cela, mon père, dit naïvement Françoise, rassurez-vous, elles sont douces comme des anges, et mon mari, qui ne les a pas quittées depuis leur naissance, dit qu’il n’y a pas de meilleurs cœurs.

— Votre mari a été pendant toute sa vie en péché mortel, dit rudement la voix ; il n’a pas caractère pour juger de l’état des âmes, et, je vous le répète, puisque vous remplacez les parents de ces infortunées, ce n’est pas demain, c’est aujourd’hui, à l’heure même, qu’il faut travailler à leur salut, sinon vous encourrez une responsabilité terrible.

— Mon Dieu, cela est vrai, je le sais bien, mon père… et cette crainte m’est au moins aussi affreuse que la douleur de savoir mon fils arrêté… Mais, que faire ?… Instruire ces jeunes filles chez nous, je ne le pourrais pas : je n’ai pas la science… je n’ai que la foi… et puis mon pauvre mari, dans son aveuglement, plaisante sur ces saintes choses, que mon fils respecte en ma présence par égard pour moi… Encore une fois, mon père… je vous en con-