Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/228

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jure, venez à mon secours… que faire ?… conseillez-moi.

— On ne peut pourtant pas abandonner à une effroyable perdition ces deux jeunes âmes, dit la voix après un moment de silence ; il n’y a pas deux moyens de salut… il n’y en a qu’un seul… les placer dans une maison religieuse, où elles ne soient entourées que de saints et de pieux exemples.

— Ah ! mon père, si nous n’étions pas si pauvres, ou du moins si je pouvais encore travailler, je tâcherais de gagner de quoi payer leur pension, de faire comme j’ai fait pour Gabriel… Malheureusement, ma vue est complètement perdue ; mais, j’y pense, mon père… vous connaissez tant d’âmes charitables… si vous pouviez les intéresser en faveur de ces deux pauvres orphelines ?

— Mais leur père, où est-il ?

— Il était dans l’Inde ; mon mari m’a dit qu’il doit arriver en France prochainement… mais rien n’est certain… et puis encore une chose, mon père, le cœur me saignait de voir ces pauvres enfants partager notre misère… et elle va être bien grande ;… car nous ne vivons que du travail de mon fils.

— Ces jeunes filles n’ont donc aucun parent ici ? dit la voix.