Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/246

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énorme chien avec sa tête de loup… et ses dents effroyables, on tremble du mal qu’il peut faire… Je vous dis de le faire sortir.

Madame Grivois avait prononcé ces derniers mots d’un ton irrité dont le diapason sonna mal aux oreilles de Rabat-Joie ; il grogna en montrant les dents et en tournant la tête du côté de cette femme inconnue pour lui.

— Taisez-vous, Rabat-Joie, dit sèchement Blanche.

Un nouveau personnage, entrant dans la chambre, mit un terme à cette position, assez embarrassante pour les jeunes filles.

Cet homme était un commissionnaire ; il tenait une lettre à la main.

— Que voulez-vous, monsieur ? lui demanda la Mayeux.

— C’est une lettre très-pressée d’un digne homme, le mari de la bourgeoise d’ici ; le teinturier d’en bas m’a dit de monter quoiqu’elle n’y soit pas.

— Une lettre de Dagobert ! s’écrièrent Rose et Blanche avec une vive expression de plaisir et de joie ; il est donc de retour ? et où est-il ?

— Je ne sais pas si ce brave homme s’appelle Dagobert, dit le commissionnaire ; mais c’est un vieux troupier décoré, à moustaches grises ;