Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/272

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Nous insistons sur une chose en apparence puérile, parce que souvent les plus petites causes ont des effets désastreux, parce qu’enfin nous désirons faire comprendre au lecteur quels devaient être le désespoir, la fureur, l’exaspération de cette femme en apprenant la mort de son chien ; désespoir, fureur, exaspération dont les orphelines pouvaient ressentir les effets cruels.

Le fiacre roulait rapidement depuis quelques secondes, lorsque madame Grivois, qui s’était placée sur le devant de la voiture, appela Monsieur.

Monsieur avait d’excellentes raisons pour ne pas répondre.

— Eh bien ! vilain boudeur…, dit gracieusement madame Grivois. Vous me battez froid ;… ce n’est pas ma faute si ce grand vilain chien est entré dans la voiture, n’est-ce pas, mesdemoiselles ?… Voyons… venez ici baiser votre maîtresse tout de suite, et faisons la paix… mauvaise tête !

Même silence obstiné de la part de Monsieur.

Rose et Blanche commencèrent de se regarder avec inquiétude, elles connaissaient les manières un peu brutales de Rabat-Joie, mais elles étaient loin pourtant de se douter de la chose.

Madame Grivois, plus surprise qu’inquiète