Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/275

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aux filles du maréchal Simon ; ne voulant donc pas paraître revenir sur sa première impression par une transition trop brusque, elle continua pendant quelques minutes de jeter sur les jeunes filles des regards irrités ; puis, peu à peu, son courroux sembla s’affaiblir et faire face à une douleur amère ; enfin madame Grivois, cachant sa figure dans ses mains, fit entendre un long soupir et parut pleurer beaucoup.

— Pauvre dame ! dirent tout bas Rose et Blanche, elle pleure, elle aimait sans doute son chien autant que nous aimons Rabat-Joie…

— Hélas ! oui, dit Blanche, nous avons bien pleuré aussi quand notre vieux Jovial est mort…

Madame Grivois releva la tête au bout de quelques minutes, essuya définitivement ses yeux et dit d’une voix émue, presque affectueuse :

— Excusez-moi, mesdemoiselles… je n’ai pu retenir un premier mouvement de vivacité ou plutôt de violent chagrin… car j’étais tendrement attachée à ce pauvre chien… qui depuis six ans ne m’a pas quittée.

— Nous regrettons ce malheur, madame, reprit Rose ; tout notre chagrin, c’est qu’il ne soit pas réparable…

— Je disais tout à l’heure à ma sœur que nous étions d’autant plus affligées pour vous