Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/276

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que nous avions un vieux cheval qui nous a amenées de Sibérie et que nous avons aussi bien pleuré.

— Enfin, mes chères demoiselles… n’y pensons plus… c’est ma faute… je n’aurais pas dû l’emmener… Mais il était si triste loin de moi… Vous concevez ces faiblesses-là… quand on a bon cœur, on a bon cœur pour les bêtes comme pour les gens… Aussi c’est à votre sensibilité que je m’adresse pour être pardonnée de ma vivacité.

— Mais nous n’y pensons plus, madame… tout notre chagrin est de vous voir si désolée.

— Cela passera, mes chères demoiselles… cela passera, et l’aspect de la joie que votre parente éprouvera en vous voyant, m’aidera à me consoler : elle va être si heureuse ! vous êtes si charmantes !… et puis cette singularité de vous ressembler autant entre vous, semble encore ajouter à l’intérêt que vous inspirez.

— Vous nous jugez avec trop d’indulgence, madame.

— Non, certainement… et je suis sûre que vous vous ressemblez autant de caractère que de figure.

— C’est tout simple, madame, reprit Rose, depuis notre naissance nous ne nous sommes jamais quittées d’une minute, ni pendant le jour,