Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/277

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ni pendant la nuit… Comment notre caractère ne serait-il pas pareil ?

— Vraiment ! mes chères demoiselles… vous ne vous êtes jamais quittées d’une minute ?

— Jamais, madame.

Et les deux sœurs, se serrant la main, échangèrent un ineffable sourire.

— Alors, mon Dieu ! combien vous seriez malheureuses et à plaindre si vous étiez séparées l’une de l’autre !

— Oh ! c’est impossible, madame, dit Blanche en souriant.

— Comment ! impossible ?

— Qui aurait le cœur de nous séparer ?

— Sans doute, chères demoiselles ; il faudrait avoir bien de la méchanceté.

— Oh ! madame, reprit Rose en souriant à son tour, même des gens très-méchants… ne pourraient pas nous séparer.

— Tant mieux, mes chères demoiselles ; mais pourquoi ?

— Parce que cela nous ferait trop de chagrin.

— Cela nous ferait mourir…

— Pauvres petites !…

— Il y a trois mois on nous a emprisonnées. Eh bien ! quand il nous a vues, le gouverneur de la prison, qui avait pourtant l’air très-dur,