Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/324

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— On dit qu’il a hérité… Aussi Nini-Moulin qui flaire les festins et les bamboches, a fait connaissance avec lui cette nuit… sans compter qu’il doit avoir des vues malhonnêtes sur la reine Bacchanal.

— Lui ! ah bien oui ! il est trop laid ; les femmes aiment à l’avoir pour danseur… parce qu’il fait pouffer de rire la galerie ; mais voilà tout. La petite Rose-Pompon, qui est si gentille, l’a pris comme chaperon peu compromettant en l’absence de son étudiant.

— Ah !… les voitures ! voilà les voitures ! cria la foule tout d’une voix.

La Mayeux, forcée de rester auprès des masques, n’avait pas perdu un mot de cet entretien pénible pour elle, car il s’agissait de sa sœur, qu’elle ne voyait plus depuis longtemps ; non que la reine Bacchanal eût mauvais cœur ; mais le tableau de la profonde misère de la Mayeux, misère qu’elle avait partagée, mais qu’elle n’avait pas eu la force de supporter bien longtemps, causait à cette joyeuse fille des accès de tristesse amère ; elle ne s’y exposait plus, ayant en vain voulu faire accepter à sa sœur des secours que celle-ci avait toujours refusés, sachant que leur source ne pouvait être honorable.

— Les voitures !… les voitures ! cria de nou-