Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/334

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La reine Bacchanal reçut le manteau. Elle en enveloppa prestement la Mayeux, avant que celle-ci, stupéfaite, eût pu faire un mouvement ; la prenant par la main, elle lui dit :

— Viens… viens…

— Moi !… s’écria la Mayeux avec effroi, tu n’y penses pas !…

— Il faut absolument que je te parle… je demanderai un cabinet… où nous serons seules… Dépêche-toi… bonne petite sœur… Devant tout le monde… ne résiste pas… viens…

La crainte de se donner en spectacle décida la Mayeux, qui d’ailleurs tout étourdie de l’aventure, tremblante, effrayée, suivit presque machinalement sa sœur, qui l’entraîna dans la voiture, dont la portière venait d’être ouverte par Nini-Moulin.

Le manteau de la reine Bacchanal cachant les pauvres vêtements et l’infirmité de la Mayeux, la foule n’eut pas à rire, et s’étonna seulement de cette rencontre pendant que les voitures arrivaient à la porte d’un traiteur de la place du Châtelet.