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II


Les contrastes.


Quelques minutes après la rencontre de la Mayeux et de la reine Bacchanal, les deux sœurs étaient réunies dans un cabinet de la maison du traiteur.

— Que je t’embrasse encore, dit Céphyse à la jeune ouvrière ; au moins maintenant nous sommes seules… tu n’as plus peur ?…

Au mouvement que fit la reine Bacchanal pour serrer la Mayeux dans ses bras, le manteau qui l’enveloppait tomba.

À la vue de ces misérables vêtements qu’elle avait à peine eu le temps de remarquer sur la place du Châtelet, au milieu de la foule, Céphyse joignit les mains, et ne put retenir une exclamation de douloureuse surprise. Puis, s’approchant de sa sœur pour la contempler de plus près, elle prit entre ses mains potelées les mains maigres et glacées de la Mayeux, et examina pendant quelques minutes avec un chagrin croissant cette malheureuse créature souffrante, pâle,