ques jours d’un étudiant qui, afin de pouvoir terminer dignement son carnaval, était retourné dans sa province pour soutirer quelque argent à sa famille sous un de ces fabuleux prétextes dont la tradition se conserve et se cultive soigneusement dans les écoles de droit et de médecine, Rose-Pompon, par un exemple de fidélité rare, et ne voulant pas se compromettre, avait choisi pour chaperon l’inoffensif Nini-Moulin.
Ce dernier, débarrassé de son casque, montrait une tête chauve entourée d’un bordure de cheveux noirs et crépus assez longs derrière la nuque. Par un phénomène bachique très-remarquable, à mesure que l’ivresse le gagnait, une sorte de zone empourprée comme sa face épanouie gagnait peu à peu son front et envahissait la blancheur luisante de son crâne.
Rose-Pompon, connaissant la signification de ce symptôme, le fit remarquer à la société, et s’écria en riant aux éclats :
— Nini-Moulin, prends garde ! la marée du vin monte drôlement !
— Quand il en aura par-dessus la tête… il sera noyé ! ajouta la reine Bacchanal.
— Oh reine ! ne cherchez pas à me distraire… je médite…, répondit Dumoulin, qui commençait à être ivre, et qui tenait à la main,