Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/359

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Ces mots provoquèrent une explosion de cris, d’éclats de rire, de trépignements formidables.

Nini-Moulin criait, trépignait, riait plus fort que les autres, ouvrant une bouche énorme, et ajoutant à ce tintamarre assourdissant le bruit aigu de sa crécelle qu’il reprit sous sa chaise où il l’avait déposée.

Lorsque cet ouragan fut un peu calmé, la reine Bacchanal se leva et dit :

— Je bois à la santé de la future madame Nini-Mouline.

— Oh ! reine, vos procédés me touchent si sensiblement, que je vous laisse lire au fond de mon cœur le nom de mon épouse future, s’écria Dumoulin ; elle se nomme madame veuve Honorée-Modeste-Messaline-Angèle de la Sainte-Colombe…

— Bravo… bravo…

— Elle a soixante ans, et plus de mille livres de rente qu’elle n’a de poils à la moustache grise et de rides au visage ; son embonpoint est si imposant, qu’une de ses robes pourrait servir de tente à l’honorable société ; aussi j’espère vous présenter ma future épouse le mardi gras en costume de bergère qui vient de dévorer son troupeau ; on voulait la convertir, moi je me charge de la divertir, elle aimera mieux ça ; il faut donc que vous m’aidiez à la plonger dans les