Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/361

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un regard, qui échappa à leurs joyeux compagnons, et pendant quelque temps la reine Bacchanal resta muette et pensive.

— Ah ! comme ça… c’est différent, reprit Rose-Pompon d’un air crâne. Au choléra !… afin qu’il n’y ait plus que de bons enfants sur la terre…

Malgré cette variante, l’impression restait toujours sourdement pénible. Dumoulin voulut couper court à ce triste sujet d’entretien, et s’écria :

— Au diable les morts ! vivent les vivants ! Et à propos de vivants et de bons vivants, je demanderai à porter une santé chère à notre joyeuse reine, la santé de notre amphitryon ; malheureusement j’ignore son respectable nom, puisque j’ai seulement l’avantage de le connaître depuis cette nuit ; il m’excusera donc si je me borne à porter la santé de Couche-tout-Nu, nom qui n’effarouche en rien ma pudeur, car Adam ne se couchait jamais autrement. Va donc pour Couche-tout-Nu.

— Merci, mon gros, dit gaiement Jacques ; si j’oubliais votre nom, moi, je vous appellerais Qui-veut-boire ; et je suis bien sûr que vous répondriez : Présent !

— Présent… présentissime, dit Dumoulin en faisant le salut militaire d’une main et tendant son bol de l’autre.