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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/387

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qu’il fait quelquefois, a un droit légitime aux distinctions dont on le comble ; mais pourquoi le travailleur est-il impitoyablement exclu de ces récompenses dont l’action est si puissante sur les masses ?

Les généraux et les officiers sont-ils donc les seuls que l’on récompense dans une armée ?

Après avoir justement rémunéré les chefs de cette puissante et féconde armée de l’industrie, pourquoi ne jamais songer aux soldats ?

Pourquoi n’y a-t-il jamais pour eux de signe de rémunération éclatante ? quelque consolante et bienveillante parole d’une lèvre auguste ? pourquoi ne voit-on pas enfin, en France, un seul ouvrier décoré pour prix de sa main-d’œuvre, de son courage industriel et de sa longue et laborieuse carrière ? Cette croix et la modeste pension qui l’accompagne seraient pourtant pour lui une double récompense justement méritée ; mais non, pour l’humble travailleur, pour le travail nourricier, il n’y a qu’oubli, injustice, indifférence et dédain !

Aussi de cet abandon public, souvent aggravé par l’égoïsme et par la dureté des maîtres ingrats, naît pour les travailleurs une condition déplorable :

Les uns, malgré un labeur incessant, vivent dans les privations, et meurent avant l’âge, presque