Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/43

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malgré un savoir réel et un mérite incontestable, s’était trouvé nanti, sous la restauration, de deux sinécures médicales très-lucratives, et peu à peu d’une nombreuse clientèle ; mais il faut dire qu’une fois sous le patronage de la princesse, le docteur se prit tout à coup à observer scrupuleusement ses devoirs religieux ; il communia une fois la semaine et très-évidemment, à la grand-messe de Saint-Thomas d’Aquin.

Au bout d’un an, une certaine classe de malades, entraînée par l’exemple et par l’enthousiasme de la coterie de madame de Saint-Dizier, ne voulut plus d’autre médecin que le docteur Baleinier, et sa clientèle prit bientôt un accroissement extraordinaire.

On juge facilement de quelle importance il était pour l’ordre d’avoir parmi ses membres externes l’un des praticiens les plus répandus de Paris.

Un médecin a aussi son sacerdoce.

Admis à toute heure dans la plus secrète intimité de famille, un médecin sait, devine, peut aussi bien des choses…

Enfin, comme le prêtre, il a l’oreille des malades et des mourants.

Or, lorsque celui qui est chargé du salut du corps, et celui qui est chargé du salut de l’âme,