Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/440

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La Mayeux prononça ces derniers mots avec tant d’animation que son visage se colora légèrement.

La supérieure avait trop de tact et d’expérience pour ne pas reconnaître la sincérité des paroles de la Mayeux ; s’estimant heureuse de voir la jeune fille prendre ainsi le change, elle lui sourit affectueusement et lui tendit les bras en disant :

— Bien, bien, ma chère fille… venez m’embrasser…

— Ma mère… je suis confuse… de tant de bontés.

— Non, car vos paroles sont remplies de droiture ;… seulement, persuadez-vous bien que je ne vous ai pas fait subir d’épreuve… parce qu’il n’y a rien qui ressemble moins à une délation que les marques de confiance filiale que nous demandons à nos protégées dans l’intérêt même de la moralité de leur condition ;… mais certaines personnes, et, je le vois, vous êtes du nombre, ma chère fille, ont des principes assez arrêtés, une intelligence assez avancée, pour pouvoir se passer de nos conseils et apprécier par elles-mêmes ce qui peut nuire à leur salut ;… c’est donc une responsabilité que je vous laisserai tout entière, ne vous demandant d’autres confidences que