Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/447

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émotions les plus pénibles, les plus violentes ; mais la réflexion, mais le raisonnement d’un esprit juste et fin, rassurèrent bientôt Adrienne sur les craintes que le docteur Baleinier avait un instant pu lui inspirer. Elle ne crut même pas à une erreur du savant docteur ; elle lut clairement dans la conduite de cet homme, conduite d’une détestable hypocrisie et d’une rare audace, servie par une non moins rare habileté ; trop tard enfin, elle reconnut dans M. Baleinier un aveugle instrument de madame de Saint-Dizier.

Dès lors, elle se renferma dans un silence, dans un calme rempli de dignité ; pas une plainte, pas un reproche ne sortirent de sa bouche… elle attendit… Pourtant, quoiqu’on lui laissât une assez grande liberté de promenade et d’action (en la privant toutefois de toute communication avec le dehors), la situation présente d’Adrienne était dure, pénible, surtout pour elle, si amoureuse d’un harmonieux et charmant entourage. Elle sentait néanmoins que cette situation ne pouvait durer longtemps. Elle ignorait l’action et la surveillance des lois ; mais le simple bon sens lui disait qu’une séquestration de quelques jours, adroitement appuyée sur des apparences de dérangement d’esprit plus ou moins plausibles, pouvait, à la