Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/451

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de surprise que d’émotion qu’elle s’approcha doucement de la claire-voie qui la séparait d’Adrienne ; réfléchissant, néanmoins, que peut-être cette infortunée était véritablement insensée, mais qu’elle se trouvait dans un jour lucide.

Alors, d’une voix timide, mais assez élevée pour être entendue, la Mayeux, afin de s’assurer de l’identité d’Adrienne, dit avec un grand battement de cœur :

— Mademoiselle de Cardoville ?

— Qui m’appelle ? dit Adrienne.

Puis redressant vivement la tête, et apercevant la Mayeux, elle ne put retenir un léger cri de surprise, presque d’effroi…

En effet, cette pauvre créature, pâle, difforme, misérablement vêtue, lui apparaissant ainsi brusquement, devait inspirer à mademoiselle de Cardoville, si amoureuse de la grâce et de la beauté, une sorte de répugnance, de frayeur… Et ces deux sentiments se trahirent sur sa physionomie expressive.

La Mayeux ne s’aperçut pas de l’impression qu’elle causait ;… immobile, les yeux fixes, les mains jointes avec une sorte d’admiration ou plutôt d’adoration profonde, elle contemplait l’éblouissante beauté d’Adrienne qu’elle avait seulement entrevue à travers le grillage de sa