Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/461

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Alors il demandera à le voir de ma part, en lui faisant remettre cette bague pour preuve de ce qu’il avance ; une fois auprès de lui, il lui dira tout, l’enlèvement des jeunes filles, l’adresse du couvent où elles sont retenues ; il ajoutera que je suis moi-même renfermée comme folle dans la maison de santé du docteur Baleinier… La vérité a un accent que M. de Montbron reconnaîtra… C’est un homme d’infiniment d’expérience et d’esprit, dont l’influence est grande ; à l’instant il s’occupera des démarches nécessaires, et demain ou après-demain, j’en suis certaine, ces pauvres orphelines et moi nous serons libres… cela… grâce à vous. Mais les moments sont précieux, on pourrait nous surprendre… hâtez-vous, ma chère enfant.

Puis, au moment de se retirer, Adrienne dit à la Mayeux, avec un sourire si touchant et avec un accent si pénétré, si affectueux, qu’il fut impossible à l’ouvrière de ne pas le croire sincère :

— M. Agricol m’a dit que je vous valais par le cœur… Je comprends maintenant tout ce qu’il y avait pour moi d’honorable… de flatteur dans ces paroles… Je vous en prie… donnez-moi vite votre main…, ajouta mademoiselle de Cardoville, dont les yeux devinrent humides. Puis, passant sa main charmante à travers deux