Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/471

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dit la Mayeux. C’est bien plus difficile que vous ne pensez… Mais venez… venez. Entendez-vous ?… on parle dans la cour.

En effet, on entendit un bruit de voix assez élevé.

— Viens… viens, mon père…, dit Agricol en entraînant le soldat presque malgré lui.

Rabat-Joie, paraissant très surpris de ces hésitations, aboya deux ou trois fois, sans abandonner son poste, comme pour protester contre cette humiliante retraite ; mais à un appel de Dagobert, il se hâta de rejoindre le corps d’armée.

Il était alors cinq heures du soir, il faisait grand vent ; d’épaisses nuées grises et pluvieuses couraient sur le ciel. Nous l’avons dit, le boulevard de l’Hôpital, qui limitait à cet endroit le jardin du couvent, n’était presque pas fréquenté. Dagobert, Agricol et la Mayeux purent donc tenir solitairement conseil dans cet endroit écarté.

Le soldat ne dissimulait pas la violente impatience que lui causaient ces tempéraments : aussi, à peine l’angle de la rue fut-il tourné, qu’il dit à la Mayeux :

— Voyons, ma fille, expliquez-vous… je suis sur des charbons ardents.