Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/488

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mal closes. Le désordre et l’incurie de cette modeste demeure, ordinairement tenue avec tant de soin, témoignent de la gravité des tristes événements qui ont bouleversé des existences jusqu’alors si paisibles dans leur obscurité.

Le sol carrelé est souillé de boue ; une épaisse couche de poussière a envahi les meubles, naguère reluisants de propreté. Depuis que Françoise a été emmenée par le commissaire, le lit n’a pas été fait ; la nuit, Dagobert s’y est jeté tout habillé pendant quelques heures, lorsque épuisé de fatigue, brisé de désespoir, il rentrait, après de nouvelles et vaines tentatives pour découvrir la retraite de Rose et de Blanche ; sur la commode, une bouteille, un verre, quelques débris de pain dur, prouvent la frugalité du soldat, réduit, pour toute ressource, à l’argent du prêt que le mont-de-piété avait fait sur les objets portés en gage par la Mayeux, après l’arrestation de Françoise.

À la pâle lueur d’une chandelle placée sur le petit poêle de fonte, alors froid comme le marbre, car la provision de bois est depuis longtemps épuisée, on voit la Mayeux assise et sommeillant sur une chaise, la tête penchée sur sa poitrine, ses mains cachées sous son petit tablier d’indienne, et ses talons appuyés