Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/489

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sur le dernier barreau de la chaise ; de temps à autre elle frissonne sous ses vêtements humides.

Après cette journée de fatigues, d’émotions si diverses, la pauvre créature n’avait pas mangé (y eût-elle songé, qu’elle n’avait pas de pain chez elle) ; attendant le retour de Dagobert et d’Agricol, elle cédait à une somnolence agitée, hélas ! bien différente d’un calme et bon sommeil réparateur. De temps à autre, la Mayeux, inquiète, ouvrait à demi les yeux, regardait autour d’elle ; puis, de nouveau vaincue par un irrésistible besoin de repos, sa tête retombait sur sa poitrine.

Au bout de quelques minutes de silence, seulement interrompu par le bruit du vent, un pas lent et pesant se fit entendre sur le palier.

La porte s’ouvrit.

Dagobert entra, suivi de Rabat-Joie.

Réveillée en sursaut, la Mayeux redressa vivement la tête, se leva, alla rapidement vers le père d’Agricol et dit :

— Eh bien ! M. Dagobert… avez-vous de bonnes nouvelles ?… Avez-vous ?…

La Mayeux ne put continuer, tant elle fut frappée de la sombre expression des traits du soldat ; absorbé dans ses réflexions, il ne sem-