Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/491

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

percevait seulement pour la première fois, et lui dit d’une voix cordiale, mais brusque :

— Bonsoir, ma bonne fille… Quelle heure est-il ?

— Huit heures… viennent de sonner à Saint-Merry, M. Dagobert.

— Huit heures…, dit le soldat en se parlant à lui-même, seulement huit heures ?

Et posant les pistolets à côté de la barre de fer, il parut réfléchir de nouveau en jetant les yeux autour de lui.

— M. Dagobert, se hasarda de dire la Mayeux, vous n’avez donc pas de bonnes nouvelles ?…

— Non…

Ce seul mot fut dit par le soldat d’un ton si bref, que la Mayeux, n’osant pas l’interroger davantage, alla se rasseoir en silence. Rabat-Joie vint appuyer sa tête sur les genoux de la jeune fille, et suivit aussi curieusement qu’elle-même tous les mouvements de Dagobert.

Celui-ci, après être resté de nouveau pensif pendant quelques moments, s’approcha du lit, y prit un drap, parut en mesurer et en supputer la longueur, puis il dit à la Mayeux, en se retournant vers elle :

— Des ciseaux…

— Mais, M. Dagobert…

— Voyons… ma bonne fille… des ciseaux,