Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/494

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— Oui… s’il arrive avant dix heures…

— Ainsi, mon Dieu ! vous êtes bien décidé ?

— Très-décidé… Et pourtant, si j’étais assez simple pour croire aux porte-malheur

— Quelquefois, M. Dagobert, les présages ne trompent pas, dit la Mayeux ne songeant qu’à détourner le soldat de sa dangereuse résolution.

— Oui, reprit Dagobert, les bonnes femmes disent cela… et quoique je ne sois pas une bonne femme, ce que j’ai vu tantôt… m’a serré le cœur… Après tout, j’aurai pris sans doute un mouvement de colère pour un pressentiment…

— Et qu’avez-vous donc vu ?

— Je peux vous raconter cela, ma bonne fille… Ça nous aidera à passer le temps… et il me dure, allez…

Puis s’interrompant :

— Est-ce que ce n’est pas une demie qui vient de sonner ?

— Oui, M. Dagobert, c’est huit heures et demie…

— Encore une heure et demie, dit Dagobert d’une voix sourde.

Puis il ajouta :

— Voici ce que j’ai vu. Tantôt en passant dans une rue, je ne sais laquelle, mes yeux