Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/519

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lettre du maréchal Simon, qui venait si inopinément lui rappeler des devoirs sacrés.

À l’abattement passager du soldat avait succédé une résolution d’une énergie calme et pour ainsi dire recueillie.

— Agricol, quelle heure est-il ? demanda-t-il à son fils.

— Neuf heures ont sonné tout à l’heure, mon père.

— Il faut me fabriquer tout de suite un crochet de fer solide… assez solide pour supporter mon poids et assez ouvert pour s’adapter au chaperon d’un mur. Ce poêle de fonte sera ta forge et ton enclume ; tu trouveras un marteau dans la maison… et… quant à du fer, dit le soldat en hésitant et en regardant autour de lui, quant à du fer… tiens, en voici…

Ce disant, le soldat prit auprès du foyer une paire de pincettes à très-fortes branches, les présenta à son fils, et ajouta :

— Allons, mordieu ! mon garçon, attise le feu, chauffe à blanc, et forge-moi ce fer…

À ces paroles, Françoise et Agricol se regardèrent avec surprise ; le forgeron resta muet et interdit, ignorant la résolution de son père et les préparatifs que celui-ci avait déjà commencés avec l’aide de la Mayeux.

— Tu ne m’entends donc pas, Agricol ? ré-