Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/535

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s’était agenouillée pour prier avec ferveur ; elle suppliait Dieu d’avoir pitié d’Agricol et de Dagobert qui dans leur malheureuse ignorance allaient commettre un grand crime ; elle conjurait surtout le Seigneur de faire retomber sur elle seule son courroux céleste, puisqu’elle seule était la cause de la funeste résolution de son fils et de son mari.

Dagobert et Agricol terminaient en silence leurs préparatifs ; tous deux étaient très-pâles et d’une gravité solennelle ; ils sentaient tout ce qu’il y avait de dangereux dans leur entreprise désespérée.

Au bout de quelques minutes, dix heures sonnèrent à Saint-Merry.

Le tintement de l’horloge arriva faible et à demi couvert par le grondement des rafales de vent et de pluie qui n’avaient pas cessé.

— Dix heures…, dit Dagobert en tressaillant, il n’y a pas une minute à perdre… Agricol, prends le sac.

— Oui, mon père…

En allant chercher le sac, Agricol s’approcha de la Mayeux qui se soutenait à peine et lui dit tout bas et rapidement :

— Si nous ne sommes pas ici demain matin… je te recommande ma mère… Tu iras chez M. Hardy ;… peut-être sera-t-il arrivé de