Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/575

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L’abbé, le regardant avec surprise, lui dit :

— N’êtes-vous pas de cet avis ? Pouvait-on oser davantage ? N’est-on pas allé jusqu’à l’extrême limite du possible ?

Rodin s’inclina respectueusement, mais resta muet.

— Si vous pensez que l’on a omis quelque précaution, s’écria le père d’Aigrigny avec une sorte d’impatience inquiète, dites-le… Il est temps encore… Encore une fois, croyez-vous que tout ce qu’il était possible de faire ait été fait ? Tous les descendants enfin écartés, Gabriel en se présentant demain rue Saint-François ne sera-t-il pas le seul représentant de cette famille, et, par conséquent, le seul possesseur de cette immense fortune ? Or, d’après sa renonciation et d’après nos statuts, ce n’est pas lui, mais notre ordre qui possédera. Pouvait-on agir mieux ou autrement ? Parlez franchement.

— Je ne puis me permettre d’émettre une opinion à ce sujet, reprit humblement Rodin en s’inclinant de nouveau, le bon ou le mauvais succès répondra à Votre Révérence…

Le père d’Aigrigny haussa les épaules et se reprocha d’avoir demandé quelque conseil à cette machine à écrire qui lui servait de secrétaire, et qui n’avait, selon lui, que trois qualités : la mémoire, la discrétion et l’exactitude.