Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/613

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précautions, à la solide construction de cette demeure, à peine quelques réparations extérieures avaient été nécessaires, et les appartements, complètement soustraits à l’influence de l’air extérieur, devaient être, depuis un siècle et demi, aussi intacts que lors de leur fermeture.

L’aspect de murailles lézardées, de volets vermoulus et brisés, d’une toiture à demi effondrée, de croisées envahies par des plantes pariétaires, eût été peut-être moins triste que la vue de cette maison de pierre bardée de fer et de plomb, conservée comme un tombeau.

Le jardin, complètement abandonné, et dans lequel le gardien Samuel entrait seulement pour faire ses inspections hebdomadaires, offrait, surtout pendant l’été, une incroyable confusion de plantes parasites et de broussailles. Les arbres, livrés à eux-mêmes, avaient poussé en tous sens et entremêlé leurs branches ; quelques vignes folles, reproduites par rejetons, rampant d’abord sur le sol jusqu’au pied des arbres, y avaient ensuite grimpé, enroulé leurs troncs, et jeté sur les branchages les plus élevés l’inextricable réseau de leurs sarments.

L’on ne pouvait traverser cette forêt vierge qu’en suivant un sentier pratiqué par le gardien pour aller de la grille à la maison dont les