Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/634

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— C’est bien cela, reprit Samuel après avoir vérifié les lettres renfermées dans la cassette de cèdre. Il reste en caisse, à la disposition des héritiers de la famille Rennepont, la somme de deux cent douze millions cent soixante et quinze mille francs.

Et le vieillard regarda sa femme avec une expression de bien légitime orgueil.

— Cela n’est pas croyable ! s’écria Bethsabée frappée de stupeur ; je savais que d’immenses valeurs étaient entre vos mains ; mais je n’aurais jamais cru que cent cinquante mille francs laissés il y a cent cinquante ans fussent la seule source de cette fortune incroyable.

— Et c’est pourtant la seule, Bethsabée…, reprit fièrement le vieillard. Sans doute, mon grand-père, mon père et moi nous avons toujours mis autant de fidélité que d’exactitude dans la gestion de ces fonds ; sans doute il nous a fallu beaucoup de sagacité dans le choix des placements à faire lors des temps de révolution et de crises commerciales ; mais cela nous était facile, grâce à nos relations d’affaires avec nos coreligionnaires de tous les pays ; mais jamais ni moi ni les miens nous ne nous sommes permis de faire un placement, non pas usuraire… mais qui ne fût pas même un peu au-dessous du taux légal… Les ordres formels de M. de Rennepont,