Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/635

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

recueillis par mon grand-père, le voulaient ainsi, et il n’y a pas au monde de fortune plus pure que celle-ci… Sans ce désintéressement, et en profitant seulement de quelques circonstances favorables, ce chiffre de deux cent douze millions aurait peut-être de beaucoup augmenté.

— Est-ce possible ? mon Dieu !

— Rien de plus simple, Bethsabée… tout le monde sait qu’en quatorze ans un capital est doublé par la seule accumulation et composition de ses intérêts à cinq pour cent ; maintenant, réfléchissez qu’en cent cinquante ans il y a dix fois quatorze ans… que ces cent cinquante premiers mille francs ont été ainsi doublés et martingalés ; ce qui vous étonne vous paraîtra tout simple : en 1682, M. de Rennepont a confié à mon grand-père cent cinquante mille francs ; cette somme, capitalisée ainsi que je vous l’ai dit, a dû produire en 1696, quatorze années après, trois cent mille francs. Ceux-ci, doublés en 1710, ont produit six cent mille francs. Lors de la mort de mon grand-père, en 1719, la somme à faire valoir était déjà de près d’un million ; en 1724, elle aurait dû monter à douze cent mille francs ; en 1738, à deux millions quatre cent mille francs ; en 1752, deux ans après ma naissance, à quatre