Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 3-4.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la classe où on les prend ordinairement, vous avez été choisir des femmes de compagnie que vous avez costumées d’une façon aussi bizarre que coûteuse ; vous-même, dans la solitude de votre pavillon, il est vrai, vous avez revêtu tour à tour des vêtements de siècles passés… Vos folles fantaisies, vos caprices déraisonnables ont été sans bornes, sans frein ; non-seulement vous n’avez jamais rempli vos devoirs religieux, mais vous avez eu l’audace de profaner vos salons en y élevant je ne sais quelle espèce d’autel païen où l’on voit un groupe de marbre représentant un jeune homme et une jeune fille… (la princesse prononça ces mots comme s’ils lui eussent brûlé les lèvres), objet d’art, soit, mais objet d’art on ne peut plus malséant chez une personne de votre âge. Vous avez passé des jours entiers absolument renfermée chez vous, sans vouloir recevoir personne, et M. le docteur Baleinier, le seul de mes amis en qui vous ayez conservé quelque confiance, étant parvenu à force d’instances à pénétrer chez vous, vous a trouvée plusieurs fois dans un état d’exaltation si grande, qu’il en a conçu de graves inquiétudes sur votre santé… Vous avez toujours voulu sortir seule sans rendre compte de vos actions à personne ; vous vous êtes plu sans cesse à mettre enfin votre