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VII


La donation entre vifs.


Le père d’Aigrigny ne reconnaissait pas Dagobert, et n’avait jamais vu Agricol ; aussi ne se rendit-il pas d’abord compte de l’espèce d’effroi courroucé manifesté par Rodin ; mais le révérend père comprit tout, lorsqu’il eut entendu Gabriel pousser un cri de joie et qu’il le vit se jeter entre les bras du forgeron en disant :

— Toi… mon frère ?… et vous… mon second père ?… Ah ! c’est Dieu qui vous envoie…

Après avoir serré la main de Gabriel, Dagobert s’avança vers le père d’Aigrigny d’un pas rapide, quoiqu’un peu chancelant.

Remarquant la physionomie menaçante du soldat, le révérend père, fort des droits acquis et se sentant, après tout, chez lui depuis midi, recula d’un pas, et dit impérieusement au vétéran :

— Qui êtes-vous, monsieur ? que voulez-vous ?

Au lieu de lui répondre, le soldat fit encore