Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/124

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— Mais, mon frère, s’écria Agricol, tu connaissais donc tes droits à cet héritage ?

— Non, répondit le jeune prêtre avec accablement, non… je l’ai seulement appris ce matin même par le père d’Aigrigny :… il avait été, m’a-t-il dit, récemment instruit de mes droits par les papiers de famille autrefois trouvés sur moi, et envoyés par notre mère à son confesseur.

Le forgeron parut frappé d’un trait de lumière, et s’écria :

— Je comprends tout maintenant… on aura vu dans ces papiers que tu pouvais être riche un jour… alors on s’est intéressé à toi ;… on t’a attiré dans ce collège, où nous ne pouvions jamais te voir… et plus tard, on a trompé ta vocation par d’indignes mensonges, afin de t’obliger à te faire prêtre et de t’amener ensuite à faire cette donation… Ah ! monsieur, reprit Agricol en se tournant vers le père d’Aigrigny avec indignation, mon père a raison, une telle machination est infâme !

Pendant cette scène, le révérend père et son socius, d’abord effrayés et ébranlés dans leur audace, avaient peu à peu repris un sang-froid parfait.

Rodin, toujours accoudé sur la cassette, avait dit quelques mots à voix basse au père d’Aigri-