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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/197

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tu n’auras plus d’ouvrage ; je te renvoie de la fabrique. »

— Oh ! le méchant homme ! dit la mère Arsène.

— Je rentre chez nous tout en larmes, ma pauvre tante m’encourage à ne pas céder et à me placer ailleurs… Oui… mais impossible ; les fabriques étaient encombrées. Un malheur ne vient jamais seul : ma tante tombe malade, pas un sou à la maison ; je prends mon grand courage, je retourne à la fabrique supplier le commis. Rien n’y fait. « Tant pis pour toi, me dit-il, tu refuses ton bonheur, car si tu avais voulu être gentille, plus tard je t’aurais peut-être épousée… » Que voulez-vous que je vous dise, mère Arsène ? La misère était là ; je n’avais pas d’ouvrage ; ma tante était malade ; le commis disait qu’il m’épouserait… J’ai fait comme tant d’autres.

— Et quand, plus tard, vous lui avez demandé le mariage ?

— Il m’a ri au nez, bien entendu, et, au bout de six mois, il m’a plantée là… C’est alors que j’ai tant pleuré toutes les larmes de mon corps… qu’il ne m’en reste plus… J’en ai fait une maladie… et puis enfin, comme on se console de tout… je me suis consolée ;… de fil en aiguille, j’ai rencontré Philémon, et c’est