Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/198

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sur lui que je me revenge des autres… Je suis son tyran, ajouta Rose-Pompon d’un air tragique.

Et l’on vit se dissiper le nuage de tristesse qui avait assombri son joli visage pendant son récit à la mère Arsène.

— C’est pourtant vrai, dit la mère Arsène en réfléchissant. On trompe une pauvre fille… qu’est-ce qui la protège ? qu’est-ce qui la défend ? Ah ! oui, bien souvent le mal qu’on fait ne vient pas de vous… et…

— Tiens !… Nini-Moulin ?… s’écria Rose-Pompon en interrompant la fruitière et en regardant de l’autre côté de la rue, est-il matinal !… Qu’est-ce qu’il peut me vouloir ?

Et Rose-Pompon s’enveloppa de plus en plus pudiquement dans son manteau.

Jacques Dumoulin s’avançait en effet le chapeau sur l’oreille, le nez rubicond et l’œil brillant ; il était vêtu d’un paletot-sac qui dessinait la rotondité de son abdomen ; ses deux mains, dont l’une tenait une grosse canne au port d’armes, étaient plongées dans les vastes poches de ce vêtement.

Au moment où il s’avançait sur le seuil de la boutique, sans doute pour interroger la portière, il aperçut Rose-Pompon.

— Comment ! ma pupille déjà levée !… ça se