Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je venais vous proposer d’embellir ma vie aujourd’hui, et même demain, et même après-demain, si le cœur vous en dit…

— Si c’est des amusements décents et paternels, mon cœur ne dit pas non.

— Soyez tranquille, je serai pour vous un aïeul, un bisaïeul, un portrait de famille… Voyons, promenade, dîner, spectacle, bal costumé, et souper ensuite ; ça vous va-t-il ?

— À condition que cette pauvre Céphise en sera. Ça la distraira.

— Va pour Céphise.

— Ah çà ! vous avez donc fait un héritage, gros apôtre ?

— Mieux que cela, ô la plus rose de toutes les roses-pompons… Je suis rédacteur en chef d’un journal religieux… et comme il faut de la tenue dans cette respectable boutique, je demande tous les mois un mois d’avance et trois jours de liberté ; à cette condition-là, je consens à faire le saint pendant vingt-sept jours sur trente, et à être toujours grave et assommant comme le journal.

— Un journal, vous ? En voilà un qui sera drôle, et qui dansera tout seul, sur les tables des cafés, des pas défendus.

— Oui, il sera drôle, mais pas pour tout le monde ! Ce sont tous sacristains cossus qui font