Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’arriver à être un jour élu général de son ordre, de cet ordre qui embrassait le monde.

La différence des aptitudes ambitieuses de ces personnages est concevable. Lorsqu’un homme d’un esprit éminent, d’une nature saine et vivace, concentrant toutes les forces de son âme et de son corps sur une pensée unique, pratique obstinément, ainsi que le faisait Rodin, la chasteté, la frugalité, enfin le renoncement volontaire à toute satisfaction du cœur ou des sens, presque toujours cet homme ne se révolte ainsi contre les vœux sacrés du Créateur qu’au profit de quelque passion monstrueuse et dévorante, divinité infernale qui, par un acte sacrilège, lui demande, en échange d’une puissance redoutable, l’anéantissement de tous les nobles penchants, de tous les ineffables attraits, de tous les tendres instincts, dont le Seigneur, dans sa sagesse éternelle, dans son inépuisable munificence, a si paternellement doué la créature.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant la scène muette que nous venons de dépeindre, Rodin ne s’était pas aperçu que les rideaux d’une des fenêtres situées au troisième étage du bâtiment qui dominait le corps de logis où il habitait s’étaient légèrement écartés, et avaient à demi découvert la mine espiègle de