Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cheté portent toujours ces fruits-là… Ce n’est pas assez… La Russie hérétique égorge la Pologne catholique… Rome bénit les meurtriers et maudit les victimes[1].

« — Cela me va.

« — En retour, la Russie garantit à Rome par l’Autriche la compression sanglante des patriotes de la Romagne.

« — Cela me va toujours.

« — Les bandes d’égorgeurs du bon cardinal Albani ne suffisent plus au massacre des libéraux impies ; elles sont lasses.

« — Cela ne me va plus.

« Il faut qu’elles marchent. »

  1. On lit dans les Affaires de Rome cet admirable réquisitoire contre Rome, dû au génie le plus véritablement évangélique de notre siècle :

    « Tant que l’issue de la lutte entre la Pologne et ses oppresseurs demeura douteuse, le journal officiel romain ne contint pas un mot qui pût blesser le peuple vainqueur en tant de combats ; mais à peine eut-il succombé, que le même journal ne trouva pas d’expressions assez injurieuses pour flétrir ceux que la fortune avait abandonnés. On aurait tort pourtant d’attribuer directement cette indigne lâcheté au pouvoir pontifical ; il subissait la loi que la Russie lui imposait ; elle lui disait : veux-tu vivre ? tiens-toi là… près de l’échafaud… et à mesure qu’elles passeront… maudis les victimes ! !! »

    (Lamennais, Affaires de Rome, p. 110. Pagnerre, 1844.)