Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/254

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mais peu grave, puisqu’il a pu marcher et échapper aux gens qui le poursuivaient.

— Dieu soit loué ! s’écria mademoiselle de Cardoville en joignant les mains avec ferveur.

— Rien de plus louable que votre joie en apprenant qu’ils ont échappé ; mais alors, par quelle étrange contradiction voulez-vous donc maintenant mettre la justice sur leurs traces ?… Singulière manière, en vérité, de reconnaître leur dévouement !

— Que dites-vous, monsieur ? demanda mademoiselle de Cardoville.

— Car enfin, s’ils sont arrêtés, reprit le docteur Baleinier sans lui répondre, comme ils se sont rendus coupables d’escalade et d’effraction pendant la nuit, il s’agira pour eux des galères…

— Ciel !… et ce serait pour moi ?…

— Ce serait pour vous… et, qui pis est, par vous, qu’ils seront condamnés.

— Par moi… monsieur ?

— Certainement, si vous donniez suite à vos idées de vengeance contre votre tante et l’abbé d’Aigrigny (je ne vous parle pas de moi, je suis à l’abri) ; si, en un mot, vous persistiez à vouloir vous plaindre à la justice d’avoir été injustement séquestrée dans cette maison.

— Monsieur, je ne vous comprends pas.