Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/257

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pour ne pas comprendre qu’en effet Dagobert et Agricol pouvaient être très-dangereusement inquiétés à cause de leur tentative nocturne, et se trouver ainsi dans une position terrible.

Et pourtant, en songeant à tout ce qu’elle avait souffert dans cette maison, en comptant tous les justes ressentiments qui s’étaient amassés au fond de son cœur, Adrienne trouvait cruel de renoncer à l’âpre plaisir de dévoiler, de flétrir au grand jour de si odieuses machinations.

Le docteur Baleinier observait celle qu’il croyait sa dupe, avec une attention sournoise, bien certain de savoir la cause du silence et de l’hésitation de mademoiselle de Cardoville.

— Mais enfin, monsieur, reprit-elle sans pouvoir dissimuler son trouble, en admettant que je sois disposée, par quelque motif que ce soit, à ne déposer aucune plainte, à oublier le mal qu’on m’a fait, quand sortirai-je d’ici ?

— Je n’en sais rien, car je ne puis savoir à quelle époque vous serez radicalement guérie, dit bénignement le docteur. Vous êtes en excellente voie… mais…

— Toujours cette insolente et stupide comédie, s’écria mademoiselle de Cardoville en interrompant le docteur avec indignation ; je vous demande… et, s’il le faut, je vous prie de