Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/259

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dent à vous voir à l’instant, ainsi que mademoiselle.

Adrienne releva vivement la tête ; ses yeux étaient baignés de larmes.

— Quel est le nom des personnes ? dit M. Baleinier fort étonné.

— L’un d’eux m’a dit, reprit la gardienne, « Allez prévenir M. le docteur que je suis magistrat, et que je viens exercer ici une mission judiciaire concernant mademoiselle de Cardoville. »

— Un magistrat ! s’écria le jésuite de robe courte, en devenant pourpre et ne pouvant maîtriser sa surprise et son inquiétude.

— Ah ! Dieu soit loué ! s’écria Adrienne en se levant avec vivacité, la figure rayonnant d’espérance à travers ses larmes ; mes amis ont été prévenus à temps !… l’heure de la justice est arrivée !

— Priez ces personnes de monter, dit le docteur Baleinier à la gardienne après un moment de réflexion.

Puis, la physionomie de plus en plus émue et inquiète, se rapprochant d’Adrienne d’un air dur, presque menaçant, qui contrastait avec la placidité habituelle de son sourire hypocrite, le jésuite de robe courte lui dit à voix basse :

— Prenez garde… mademoiselle !… ne vous félicitez pas trop tôt !…