Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je ne vous crains plus, maintenant ! répondit mademoiselle Cardoville, l’œil brillant et radieux. M. de Montbron aura sans doute, de retour à Paris, été prévenu à temps ;… il accompagne le magistrat… il vient me délivrer !…

Puis Adrienne ajouta avec un accent d’ironie amère :

— Je vous plains, monsieur… vous et les vôtres.

— Mademoiselle, s’écria M. Baleinier, ne pouvant plus dissimuler ses angoisses croissantes, je vous le répète, prenez garde… songez à ce que je vous ai dit… votre plainte entraînera nécessairement… vous entendez, nécessairement, la révélation de ce qui s’est passé pendant l’autre nuit… Prenez garde ! le sort, l’honneur de ce soldat et de son fils sont entre vos mains… Songez-y… il y va pour eux les galères.

— Oh ! je ne suis pas votre dupe, monsieur… vous me faites une menace détournée ; ayez donc au moins le courage de me dire que si je me plains à ce magistrat… vous dénoncerez à l’instant le soldat et son fils.

— Je vous répète que si vous portez plainte, ces gens-là sont perdus, répondit le jésuite de robe courte d’une manière ambiguë.