Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/262

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rodin, dans l’intérêt de ses projets et par des motifs de prudence rusée, que l’on saura plus tard, loin de prévenir le père d’Aigrigny, et conséquemment le docteur, de la visite inattendue qu’il comptait faire à la maison de santé avec un magistrat, avait, au contraire, la veille, ainsi qu’on l’a dit, fait donner l’ordre à M. Baleinier de resserrer mademoiselle de Cardoville plus étroitement encore.

On comprend donc le redoublement de stupeur du docteur lorsqu’il vit cet officier judiciaire, dont la présence imprévue et la physionomie imposante l’inquiétaient déjà extrêmement, lorsqu’il le vit, disons-nous, entrer accompagné de Rodin, l’humble et obscur secrétaire de l’abbé d’Aigrigny.

Dès la porte, Rodin, toujours sordidement vêtu, avait, d’un geste à la fois respectueux et compatissant, montré mademoiselle de Cardoville au magistrat. Puis, pendant que ce dernier, qui n’avait pu retenir un mouvement d’admiration à la vue de la rare beauté d’Adrienne, semblait l’examiner avec autant de surprise que d’intérêt, le jésuite se recula modestement de quelques pas en arrière.

Le docteur Baleinier, au comble de l’étonnement, espérant se faire comprendre de Rodin, lui fit coup sur coup plusieurs signes d’intelli-