Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/267

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allait peut-être exposer Dagobert et son fils à de cruelles poursuites.

Ce n’était pas un bas et vulgaire sentiment de vengeance qui animait Adrienne, mais une légitime indignation contre d’odieuses hypocrisies ; elle eût regardé comme une lâcheté de ne pas les démasquer ; mais voulant essayer de tout concilier, elle dit au magistrat avec un accent rempli de douceur et de dignité :

— Monsieur, permettez-moi de vous adresser à mon tour une question.

— Parlez, mademoiselle…

— La réponse que je vais vous faire sera-t-elle regardée par vous comme une dénonciation formelle ?

— Je viens ici, mademoiselle, pour rechercher avant tout la vérité… aucune considération ne doit vous engager à la dissimuler.

— Soit, monsieur, reprit Adrienne ; mais, supposez qu’ayant de justes sujets de plainte, je vous les expose, afin d’obtenir l’autorisation de sortir de cette maison, me sera-t-il ensuite permis de ne pas donner suite à la déclaration que je vous aurai faite ?

— Vous pourrez sans doute abandonner toute poursuite, mademoiselle, mais la justice reprendra votre cause au nom de la société, si elle a été lésée dans votre personne.