Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/283

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époque seulement ses meubles et ses vitraux… Merci donc doublement, monsieur, car je vais vous faire complice de cette pensée de délivrance qui vient d’éclore, vous le voyez, au milieu du bonheur que je vous dois, et dont vous paraissez ému, touché. Ah ! que ma joie vous dise ma reconnaissance, et qu’elle vous paye de votre généreux secours ! reprit la jeune fille avec exaltation.

Mademoiselle de Cardoville, en effet, remarquait une complète transfiguration dans la physionomie de Rodin. Cet homme, naguère si dur, si tranchant, si inflexible à l’égard du docteur Baleinier, semblait sous l’influence des sentiments les plus doux, les plus affectueux. Ses petits yeux de vipère, à demi voilés, s’attachaient sur Adrienne avec une expression d’ineffable intérêt… Puis comme s’il eût voulu s’arracher tout à coup à ces impressions, il dit, en se parlant à lui-même :

— Allons, allons, pas d’attendrissement. Le temps est trop précieux :… ma mission n’est pas remplie… non, elle ne l’est pas… ma chère demoiselle, ajouta-t-il en s’adressant alors à Adrienne, ainsi… croyez-moi… nous parlerons plus tard de reconnaissance… Parlons vite du présent si important pour vous et pour votre famille… Savez-vous ce qui se passe ?