Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/287

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frir les services d’un ami inconnu ; je vois maintenant que cette folle idée, que l’on m’a reprochée, était fort sensée… aussi j’y tiens plus que jamais ; le prince est de ma famille, je lui dois une généreuse hospitalité… je lui destinais le pavillon que j’occupais chez ma tante…

— Mais vous, ma chère demoiselle ?

— Aujourd’hui même, je vais aller habiter une maison que depuis quelque temps j’avais fait préparer, étant bien décidée à quitter madame de Saint-Dizier et à vivre seule et à ma guise. Ainsi, monsieur, puisque votre mission est d’être le bon génie de notre famille, soyez aussi généreux envers le prince Djalma que vous l’avez été pour moi, pour les filles du maréchal Simon ; je vous en conjure, tâchez de découvrir la retraite de ce pauvre fils de roi, comme vous dites ; gardez-moi le secret et faites-le conduire dans ce pavillon, qu’un ami inconnu lui offre ;… qu’il ne s’inquiète de rien ; on pourvoira à tous ses besoins ; il vivra comme il doit vivre… en prince…

— Oui, il vivra en prince, grâce à votre royale munificence… Mais jamais touchant intérêt n’aura été mieux placé… Il suffit de voir comme je l’ai vue sa belle et mélancolique figure pour…