Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/297

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— Mais revenons à ce qui vous regarde, ma chère demoiselle. La veille du 13 février, M. l’abbé d’Aigrigny me remet un papier sténographié, et me dit : « Transcrivez cet interrogatoire, vous y ajouterez que cette pièce vient à l’appui de la décision d’un conseil de famille, qui déclare, d’après le rapport du docteur Baleinier, l’état de l’esprit de mademoiselle de Cardoville assez alarmant pour exiger sa réclusion dans une maison de santé… »

— Oui, dit Adrienne avec amertume, il s’agissait d’un long entretien que j’ai eu avec madame de Saint-Dizier, ma tante, et que l’on écrivait à mon insu.

— Me voici donc tête à tête avec mon mémoire sténographié ; je commence à le transcrire. Au bout de dix lignes, je reste frappé de stupeur, je ne sais si je rêve ou si je veille… « Comment ! folle ! m’écriai-je, mademoiselle de Cardoville folle ?… Mais les insensés sont ceux-là qui osent soutenir une monstruosité pareille !… » De plus en plus intéressé, je poursuis ma lecture… je l’achève… Oh ! alors, que vous dirai-je ?… Ce que j’ai éprouvé, voyez-vous, ma chère demoiselle, ne se peut exprimer :… c’était de l’attendrissement, de la joie, de l’enthousiasme !…

— Monsieur…, dit Adrienne.