Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/333

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sont du nombre… Je le sais, oh ! oui… je le sais.

— Du reste, ma chère demoiselle, il ne faut pas me faire tout l’honneur de ce jugement.

— Comment cela, monsieur ?

— Cette chère fille n’est-elle pas la sœur adoptive d’Agricol Baudoin, le brave ouvrier, le poëte énergique et populaire ? Eh bien ! est-ce que l’affection d’un tel homme n’est pas la meilleure des garanties, et ne permet pas, pour ainsi dire, de juger sur l’étiquette ? ajouta Rodin en souriant.

— Vous avez raison, monsieur, dit Adrienne, car sans connaître cette chère enfant j’ai commencé à m’intéresser très-vivement à son sort du jour où son frère adoptif m’a parlé d’elle… Il s’exprimait avec tant de chaleur, tant d’abandon, que tout de suite j’ai estimé la jeune fille capable d’inspirer un si noble attachement.

Ces mots d’Adrienne, joints à une autre circonstance, troublèrent si vivement la Mayeux que son pâle visage devint pourpre.

On le sait, l’infortunée aimait Agricol d’un amour aussi passionné que douloureux et caché ; toute allusion même indirecte à ce sentiment fatal causait à la jeune fille un embarras cruel.